
Jeunesse et Formation
Une solide formation en plusieurs temps, entre observation, voyages, cours d'un précepteur et institutions scolaires.
La formation intellectuelle du prince se décompose en plusieurs temps. C'est d'abord le temps de l'enfance heureuse à Marchais, dès 1854, date à laquelle le domaine est acheté par sa mère, celui d' une éducation par l'observation et le contact avec la nature :
« Je suis maintenant à Marchais, où se trouvent réunis tous les agréments de la campagne, chasse, pêche , chevaux ; j’y ai même reproduit en miniature mes promenade en mer de Monaco, car papa a fait construire à Paris une charmante barque à voiles, que je fais souvent manoeuvrer sur la pièce d’eau » (Archives Bade Wurtemberg, GU 107, bü 130, 2016, Albert de Monaco à la princesse Florestine, 7 août 1863).
C'est ensuite le temps des voyages. Dans la tradition du « Grand Tour » effectué par les jeunes hommes de la bonne société européenne pour parfaire leur connaissance des humanités et des pratiques artistiques. En 1859, le jeune prince héréditaire s’embarque pour Gênes. Il se rendra ensuite à Milan. Puis il voyage en Suisse et en Allemagne. En parallèle, sa formation est assuré par un précepteur, l'abbé Charles Theuret (1822-1901). En août, le prince Albert et l’abbé Theuret partent tous deux pour la région parisienne, le jeune prince entrant à la la pension Lévêque à Auteuil, il la quitte en décembre de la même année. En janvier 1860, il entre pour deux années au collège Stanislas à Paris. De 1864 à 1865, le prince Albert suit les cours du Petit Séminaire d’Orléans, à La Chapelle-Saint-Mesmin. Les livres qu’il commande au libraire révèlent son attrait pour les récits de voyage (Alexander Mackenzie, Charles Francis Hall – explorateur américain polaire qui effectue sa première expédition en 1860 sur les traces de Franklin…cela atteste de son intérêt pour l’actualité, autour de la découverte du Passage du Nord-Ouest, un des grands enjeux du temps – en attendant le héros norvégien Amundsen, le premier à le franchir par mer en 1906).
Le 13 novembre 1948, Charles Bellando de Castro, Président du Conseil National, évoquait ainsi la jeunesse du prince : "Il y a aujourd'hui un siècle, la Duchesse Antoinette de Valentinois mettait au monde, en Son Hôtel de la rue Saint-Guillaume à Paris, Celui qui devait devenir le Prince Albert Ier de Monaco. A cette époque, alors que l'Europe était en pleine effervescence le Prince régnant s'efforçait de surmonter de graves difficultés qu'avait suscitées l'ingérence clandestine, dans les affaires monégasques, d'agents politiques étrangers. Aussi l'annonce de cet heureux événement, en créant à Monaco une réconfortante diversion, donna-t-elle aux sujets du Prince Florestan une nouvelle occasion de témoigner à la Famille princière leur traditionnel loyalisme. Le Prince Albert passa son enfance sous les yeux vigilants de son Père, le futur créateur de la Principauté contemporaine, et de la Duchesse de Valentinois, dans une ambiance paisible et austère. « Durant ma première enfance, a écrit le Prince Albert, ma Mère, une femme vraiment bonne, car jamais sa bouche ne prononçait une parole cruelle, a ouvert mes yeux à la misère ; elle me montrait celle-ci tous les jours, dans les chaumières de Marchais où sa mémoire demeure vivante et vénérée... Mon Père me donna plus tard l'exemple de devoir accompli dans un infatigable travail et du malheur courageusement subi ». S'il est indéniable que les effets de cette double direction se retrouvent dans les conceptions politiques et humanitaires que le Prince Albert a mises en pratique au cours de Son règne, il est non moins indéniable que Sa passion pour la navigation fut essentiellement spontanée. A l'âge où les images ont encore plus d'attrait que les plus merveilleuses histoires, le jeune Prince écoutait avec un extrême plaisir le récit des voyages de La Pérouse et de Dumont-d'Urville et il fallait user d'adresse pour l'arracher à ces sérieuses distractions. A quatorze ans, le Prince héréditaire fut initié à la pratique méthodique de la pêche par un homme de confiance, ancien officier marinier du Port de Monaco. On pourrait composer un volume en relatant par le menu les préoccupations et les difficultés que causèrent à ce modeste et prudent Mentor les imprudences du Prince au cours de ses expéditions dans les eaux régionales. Beaucoup plus tard, le Prince Albert Lui-même, reconnaissant qu'Il avait été un enfant « ingouvernable » racontait avec une émotion que tentait de dissimuler une pointe d'humour, les milles malices qu'Il méditait, les multiples petits tours qu'Il jouait pour Se soustraire à l'autorité de quiconque voulait contrecarrer Ses premières aventures maritimes. Il va sans dire que l'auteur de ces actes d'indiscipline était toujours l'objet de sévères réprimandes paternelles, mais tout le monde comprenait que chacun de ces incidents, loin de constituer de simples espiègleries, fournissait une nouvelle preuve de la fascination qu'exerçaient, sur Son âme d'adolescent, la mer, ses agréments, ses risques et ses mystères. En 1864, le Prince Charles, qui avait toujours souhaité que le Prince héréditaire entreprit de préférence des études juridiques et administratives, se rendit à l'évidence ; Il L'autorisa à suivre sa votation irrésistible et à se fixer à Lorient avec Son gouverneur le général Aveline de Subligny, pour y compléter ses connaissances navales." Journal de Monaco, numéro spécial relatant les cérémonies commémoratives du centenaire de la naissance du prince Albert Ier.