Philosophie et pensées
Le journal du prince ou La Carrière d'un navigateur sont ponctuées de réflexions personnelles, à caractère philosophique. C'est la contemplation des paysages lors de ses campagnes scientifiques qui inspirent les pensées du prince : " Ces pensées me viennent souvent au cours de mes campagnes, surtout si l'oeuvre scientifique poursuivie m'impose un commandement difficile, semé de peines et de risques. Alors je compare aux futiles soucis de la vie mondaine, le rôle puissant du marin qui domine les hommes et la mer, enveloppé du prestige que lui donne l'abandon passif de tous à la valeur d'un seul; je vois son âme résolue s'élever au-dessus des luttes, des peines et des joies."
Les écrits du prince sont traversés par une réflexion humaniste et progressiste qui ne le quitte jamais :
"Mon sentiment sur plusieurs points choquera sans doute les esprits stationnaires ou timorés : ceux qui trompent leur crainte de l’inconnu avec les illusions mystiques, les frivolités mondaines, ou l’inertie de l’habitude. Mais la conscience des Princes, longtemps soumise aux traditions improgressibles, peut être touchée maintenant par les leçons de la Nature et de la Science ; elle méprise alors une politique orientée vers l’antagonisme des nations, le droit du plus fort et la fiction des frontières ; elle combat les haines ataviques de religion, de race et de caste, en s’inspirant d’un avenir où l’Humanité solidaire pratiquera la justice. Et leur âme exaltée par l’union de la science et de la conscience peut s’élever davantage si la mer lui prête l’infini de ses horizons ; la mer, qui dissimule derrière sa grandeur l’étroitesse de la vie, et réconforte avec ses mirages l’homme égaré dans la nuit des tristes lendemains. De même il arrive que l’idée conçue dans le cerveau d’un homme devient plus généreuse quand elle est bercée par le cœur d’une femme." (Avant-propos à La Carrière d'un navigateur, mars 1901).
Jules Rouch écrit, en 1956, dans le Bulletin des Amis du Musée océanographique : "Les Pensées pour moi-même de Marc-Aurèle étaient le livre de chevet du Prince Albert." Cependant, les sources directes ne permettent pas de le corroborer.