14/09/1901 - Lettre de Flore Singer à Albert Ier
14/09/1901 - Lettre de Flore Singer à Albert Ier
Transcription
Neufmoutiers par Tournan Seine & Marne
Mention manuscrite au crayon 1901
Ce 14 septembre
Monseigneur,
J’ai connu vos pensées quand le froid les condense et je les connais aujourd’hui, quand la chaleur les volatilise et elles me plaisent également sous toutes les formes et sous toutes les latitudes ; qu’il fasse chaud ou froid, elles me donnent toujours chaud.
Et savez-vous pourquoi ?
C’est tout simplement, parce que je vous aime….
Ceci ressemble, un peu, à une romance et cependant, rien n’est plus vrai.
Comment ne vous aimerais-je pas, Monseigneur, vous, qui, entre le ciel et l’eau et au milieu des requins, voulez bien vous souvenir d’une colombe qui ne voit que d’un œil et ne bat plus que d’une aile ?
On ne se doute guère que sous les gestes de haut commandement, qui vont si bien à votre Altesse, se cachent tant de sensibilité et de tendresse.
Notre été s’est passé sans incident digne de vous être rapporté ; en ce moment on ne parle autour de moi que de l’Empereur de Russie et ma belle-fille se réjouit, comme une folle, d’aller assister à la Revue.
Songez donc ! regarder face à face et sans crime, vingt-cinq mille hommes bien astiqués ; n’est-ce pas plus suggestif que de faire la revue de sa lingerie ?...
Quand sera-ce notre fête ?.... Quand nous sera-t-il donné de vous recevoir à Neufmoutiers, vous, mon cher Prince, qui dirigez le plus beau des régiments et aussi le meilleur, celui qui ne se sert pour tout arme que de cornues, mais qui ferait son coup de fusil au besoin.
Moi, je fais à votre Altesse, ma plus respectueuse révérence.
Flore