Lettre du prince Albert à Charles III, 2 juin 1885
Lettre du prince Albert à Charles III, 2 juin 1885



Transcription
« Il s’agissait là, non du triomphe d’un conquérant mais de glorifier une des plus belles manifestations de l’intelligence […] Voulant me rendre compte de l’esprit qui animait le public, j’ai passé quatre heures au milieu de lui sur divers points du parcours, partout c’était la même chose : respect et recueillement absolus au passage du cercueil […] Les perturbateurs sont un nombre insignifiant quand le vrai peuple se montre cette infinie minorité disparaît. D’après les bruits d’hier soir, sur divers points, où quelques centaines d’individus ont essayé de sortir un drapeau rouge, le public encourageait et aidait les agents à la faire disparaître.»
Description
Cette lettre est un précieux témoignage sur un événement emblématique de l'histoire culturelle et politique de la IIIe République. Le prince, rentré de Madrid, et présent à Paris, assiste, comme des milliers d'autres personnes s'étant déplacées pour les funérailles du grand homme et du grand poète national. Le 22 mai, Victor Hugo, meurt. La République s'empare de l'événement, pour célébrer celui qui incarne, après avoir été fidèle au souvenir napoléonien, et partisan d'une monarchie équilibrée s'est rallié en 48 au régime républicain pour incarner à lui seul par son exil l'opposition au Second Empire. Avec lui, c'est la République et ses valeurs humanistes (défenses des plus faibles, de la liberté, rejet de la peine de mort) qui communie. Pour l'occasion, le Panthéon redevient le temple des hommes illustres. Le prince, qui a apprécié les descriptions marines des Travailleurs de la mer, qui partage l'engagement hugolien pour la justice et la vérité - cette lettre annonce son engagement en faveur de Dreyfus, exprime ici toute son admiration et dit également son rejet de la haine et des extrêmes.
Protagonistes
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