28/05/1898 - Lettre de Flore Singer à Albert Ier
28/05/1898 - Lettre de Flore Singer à Albert Ier
Transcription
Au crayon
28 mai 1898
55, avenue Kléber
Monseigneur,
J’ai du chagrin ; car on m’assure que vous avez passé quelques jours à Paris et ne je vous ai pas vu !
Et je m’étais tant réjoui de votre visite !
Je suis bien attristée aussi de l’issue de la consultation nationale sur la question qui intéresse votre grand cœur.
Dès le premier jour, on a fait appel au patriotisme des Français.
C’est-à-dire au sentiment le plus général et le plus profond pour couvrir la plus cruelle iniquité !!
Un bruit qui court me fait peur ; on dit que Faure doit demander la révision à la Chambre ; et il est clair que la Chambre la refusera.
Cela appartient au ministre de la Justice tout seul. Peut-être est-ce une de ces fausses nouvelles, comme on en fabrique tant.
Enfin, je ne mets plus mon espoir qu’en votre Altesse, assez héroïque pour prendre en main une cause impopulaire.
Ah ! Si le rideau pouvait se lever tout-à-coup et confondre tous les mensonges !
Si la vie et l’honneur pouvaient être rendus au martyr de là-bas !
Faites ce miracle, Monseigneur et ce sera plus beau que d’arrêter la marche du soleil, qui d’ailleurs ne marche pas….
Puis-je compter sur un mot ?
Un tout petit mot qui sera un motif de reconnaissance de plus à ajouter à tant d’autres ?
Vous savez, Monseigneur qu’on peut tout me dire et que je suis la tombe. Je baise les mains de la Princesse.
Tendre respect
Flore Singer
Excusez cette grisaille je me la permets pour que ma lettre reste secrète.