Spitzberg
Le Spitzberg, principale île de l'archipel du Svalbard (Norvège) est l'une des destinations emblématiques des campagnes scientifiques du prince, la plus importante avec les Açores.
Le prince se rend quatre fois au Spitzberg : en 1898, 1899, 1906 et 1907. C'est peu en comparaison des Açores ou de Madère. Pourtant, cette destination est rêvée depuis longtemps, inspirée par les lectures d'enfance, celles de la course aux pôles. C'est une destination exigeante, qui demande de la préparation, une documentation, un équipage. Le prince échange avec les plus grands explorateurs, dont Nansen, à qui il demande des conseils. Il faut également un bateau équipé pour le Nord et ses glaces : la seconde Princesse Alice, opérationnelle en 1897 est conçue pour cela.
Son premier voyage au Spitzberg est le sujet du dernier chapitre, chapitre VIII, "Croisière dans les régions arctiques", de La Carrière d'un navigateur (1902, Plon pour la première édition) où il écrit ses plus belles pages, inspirées par la poésie et la majesté du lieu :
"J’aime le cœur simple, l’œil clair, la voix calme des Scandinaves dont l’âme naïve ignore les artifices dans la recherche du bonheur.
J’aime le Nord dont les séductions entraînent les hommes loin des œuvres d’injustice et de cupidité, vers les gloires très pures, filles de l’esprit scientifique.
J’aime le Nord où les yeux peuvent se baigner dans une atmosphère limpide, comme dans une source de vérité.
J’aime la lutte contre toutes les forces des mers que fouette un vent purifié par la neige : l’âme en revient plus fière et plus généreuse.
J’aime le Nord parce que la mort y passe avec la dignité du silence, et qu’elle ensevelit doucement dans le cristal des champs de glace les êtres meurtris par les mensonges du monde."
Il n'oublie pas son sens de l'observation et ses considérations humanistes sur les moeurs du temps :
"Voici donc le Spitsberg lui-même, dans sa retraite polaire, foulé par la gent qui, sous la rubrique du tourisme, vulgarise le milieu où elle se répand avec sa sottise et son ignorance. Les merveilleuses beautés d’un tel pays livrées aux regards inconscients d’êtres sans émotion ! Je souffrais de ce spectacle comme si je voyais une femme adorable profanée par des idiots."
Il termine son livre par une méditation sur la mort inspirée par la gravité du paysage :
"Au Spitsberg on ne trouve pas de gaieté pour l’esprit, mais on connaît une sérénité dans laquelle s’endort la tristesse. Des pics nus qui traversent quelquefois leur linceul de neige ; des champs de glace qui remplissent les baies ou qui assiègent les caps ; les icebergs qui flottent comme des fantômes sur le théâtre des drames accomplis ; la morne végétation qui survit aux forêts couchées sous les sédiments ; la langueur des animaux ; et enfin la nuit qui enveloppe chaque année pour longtemps ce séjour ; tout annonce une fatigue de la vie, l’agonie d’un monde, le retour de la matière, lasse de transformations, aux milieux éthérés. Comme on serait bien là pour mourir, entre le souvenir des affections perdues, des séparations cruelles et des rêves de bonheur ; loin des passions nées avec les vices de l’humanité."
Mme Jacqueline Carpine-Lancre a consacré plusieurs articles aux campagnes du prince en Arctique.
Par ailleurs, on peut trouver ici le tableau de la toponymie du Spitzberg. En effet, de nombreux noms de lieux évoquent soit directement la mémoire du prince, soit ses campagnes, ses collaborateurs scientifiques, son engagement, son pays :
ON retrouve en ligne des synthèses historiques où la contribution du prince Albert Ier dans l'histoire du Spitzberg n'est pas oubliée : https://www.svalbard.fr/histoire-Svalbard-Spitzberg-epoque-baleiniers.php#epoque-baleiniers
https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1922/un-bref-historique-du-svalbard/
Carte du Spitzberg
Voyage d'une femme au Spitzberg
- 1
- 2