Lettre du prince Charles III à son fils le prince Albert, 23 janvier 1889
Lettre du prince Charles III à son fils le prince Albert, 23 janvier 1889
Transcription
Monaco, le 23 janvier 1889
Mon cher Albert,
Je trouve un grand inconvénient à ce qu’un futur souverain passe des examens publics dans un pays qui n’est pas le sien, et surtout à l’époque où nous vivons, car la publicité ne respecte personne, et nous avons le fâcheux privilège que tous nos faits et gestes attirent l’attention générale. Je redoute donc la mauvaise impression qui sera produite si Louis échoue dans ses examens en France.
Certainement personne plus que moi désire qu’il ait une instruction solide, en rapport avec sa position et la carrière militaire qu’il est appelé à suivre au moins momentanément, et je crois que l’établissement de la rue des Postes est préférable à tous les autres, à en juger par les succès qu’il obtient. Je suis donc d’avis d’y préparer pour lui une installation convenable, conforme à son âge et à ses habitudes antérieures. Toutefois s’il était possible qu’à Stockholm on se contenta d’un certificat d’études délivré à la fin de l’année prochaine, au lieu d’une double diplôme de bachelier dont l’obtention est douteuse, tout serait pour le mieux. Cette condition exigée en Suède est presque exceptionnelle, car la plupart des souverains ont le droit de conférer des grades soit aux Princes soit aux étrangers ; et toi-même n’as-tu pas eu des grades en Espagne et en France. Il en aurait été de même en Autriche, en Italie, en Russie et je crois en Angleterre ; malheureusement l’incertitude des éventualités politiques ne nous permet pas de penser à ces combinaisons.
Mille amitiés,
Charles
L'établissement cité de la rue des Postes est l'Ecole sainte Geneviève avant son déménagement à Versailles en 1913.