Régions polaires. Un lieu une mémoire
Comme nombre de ses contemporains, le prince Albert Ier éprouve une attirance profonde pour les régions polaires, derniers territoires à découvrir et accomplit ainsi un rêve d’enfance.
Arrêtons-nous sur sa troisième campagne vers la Norvège - et plus particulièrement le Svalbard, après les deux premières expéditions de 1898 et 1899.
Le 24 juin 1906, le prince effectue sa huitième campagne scientifique à bord de la seconde Princesse Alice (stations 2362 à 2562). L’itinéraire est le suivant : Le Havre, Ecosse, côtes de Norvège, Spitzberg, Le Havre. Pour cette campagne l’équipage est le suivant : Docteur Jules Richard, professeur Hugo Hergesell, Docteur Paul Portier : officiers de marine : Captain Henry Charlwood Carr, Lieutenant de vaisseau Henri Bourée ; artiste peintre ; Louis Tinayre. Cette huitième campagne scientifique permet de reprendre les opérations habituelles de mesures physico-chimiques et de prélèvements ; études de la haute atmosphère dans les régions arctiques ; la reconnaissance de la topographie littorale et de l’hydrographie de la baie Cross. Simultanément, deux missions patronnées par les prince Albert, l’une norvégienne, l’autre écossaise, explorent d’autres secteurs du Spitzberg. Cette campagne témoigne de la fascination pour l’Arctique du prince, nourrie dès son jeune âge par la lecture des récits de voyage et des revues scientifiques.
« Les épreuves, comme les jouissances, ressenties dans ces régions rendent meilleur un homme cultivé lorsqu’il y découvre tout ce qu’elles ont de précieux. Vous êtes certains de garder, votre vie durant, quelque chose des sensations élevées qui nous ont si profondément émus ». Lettre du prince Albert Ier au docteur Ferdinand Louët, Paris, 15 octobre 1906. Coll. part.
Par ailleurs, malgré l’éloignement, le prince n’oublie pas ses préoccupations politiques. Lors d’une escale à Advent Bay (simple relais de poste qui deviendra la petite ville de Longyearbyen, capitale du Svalbard), il reçoit des nouvelles de France et se réjouit de la réhabilitation du capitaine Dreyfus. Il écrit également au roi Haakon sur le chemin du retour pour lui signaler le succès de la mission norvégienne qu’il a soutenue : une façon d’honorer l’indépendance de la Norvège.