10/1911 - Lettre de Flore Singer à Albert Ier
10/1911 - Lettre de Flore Singer à Albert Ier
Transcription
Neufmoutiers
N° I Tournan
Seine & Marne
Mention au crayon : 1911
Ainsi, Monseigneur, vous avez été vraiment malade, je sais ce qu’un zona a de cruel, mais d’autre part, je sais aussi que c’est un simple accident de santé qui n’atteindra en rien, votre magnifique constitution.
J’aime à penser que vous allez un de ces matins, faire expier à de pauvres petites bêtes innocentes vos souffrances injustes aussi, Pourquoi la maladie ? Y avez-vous jamais pensé, Monseigneur ?
Ceux qui ont réponse à tout, vous disent que c’est, pour exercer votre patience, mais il y a tant de manières d’être vertueux et d’exercer des vertus en même temps qu’à nous mêmes ?
Non, je n’admets pas la maladie qui est (bête ?) et qui frappe au hasard de nobles fronts et ? les études les plus intéressantes qu’on a de la peine à rattraper, en un mot, je voudrai que votre Altesse pour couper court à mes ? plus ou moins philosophiques que votre Altesse n’eut jamais mal à son petit doigt….
Moi, je demeure l’éternelle malade ; le bon Dieu m’a trouvé bonne qu’à cela et je me sens d’avance bien humiliée du triste spectacle que je suis réduite à offrir à Votre Altesse, en ma lamentable personne.
Je ne sais ni vivre, ni mourir.
Calypso ne pouvait se consoler d’être immortelle ; moi, qui suis immortelle aussi, je m’en console et j’essaie de conserver à travers toutes les épreuves d’une vie trop longue, un cœur capable de reconnaissance.
Merci, Monseigneur pour l’empressement que vous avez bien voulu montrer à m’éclairer et pour la haute amitié dont je me glorifie.
Je salue votre Altesse avec le plus tendre respect.
Flore