09/10/1902 - Lettre de Flore Singer à Albert Ier
09/10/1902 - Lettre de Flore Singer à Albert Ier
Transcription
Neufmoutiers par Tournan Seine & Marne
9 8bre 1902
Monseigneur,
Je m’inquiète de votre santé.
Que signifient ces palpitations ?
– Je m’inquiète encore plus de la persistante énergie que je vous sais !
Elle va vous empêcher de prendre les précautions voulues !
Je vous en prie soignez-vous pour ceux qui vous aiment, c’est-à -dire pour tous ceux qui vous connaissent bien !
– Un homme tel que vous ne devrait pas souffrir !
Il ne devrait connaître que les joies, les beautés et les douceurs de la vie.
Mais le bon Dieu ne m’a pas appelée dans ses conseils et je lui manque assez de respect pour le regretter quelques fois.
- Monseigneur, je prends la liberté de mettre sous vos yeux une lettre de M. Tremisot.
Vous y verrez avec quelle intensité de désir il souhaite votre présence à Neufmoutiers, le jour où les interprètes qui étudient son œuvre viendront l’y représenter.
La bonté de Votre Altesse, ira-t-elle jusqu’à choisir pour nous faire la visite promise la date du 26, indiqué par M. Tremisot ?
C’est loin ! Mais je saurai faire ce sacrifice dans l’intérêt du jeune artiste plein d’une chaleureuse et contagieuse confiance dans son génie !
Thérèse ne revient que le 25. Il ne peut donc pas être question du 23.
Si vous écartez la date du 26, vous plairait -il de m’e fixer deux ou trois autres, pour les premiers jours de novembre ?
J’en demande plusieurs parce que c’est le diable de s’entendre avec les artistes de l’Opéra ! D’ailleurs, j’avoue très franchement à Votre Altesse, que sans Elle j’aimerais autant les laisser chez eux !
Bornez-vous, je vous prie, à des dates quand vous voudrez bien me répondre et parlez-moi de votre santé en style nègre.
Je me reprocherais la moindre fatigue. D’ailleurs j’ai encore dans le cœur la dernière lettre, si gentille !
Agréez, Monseigneur, l’hommage de mon tendre respect.
Flore