01/03/1904 - Lettre de Flore Singer à Albert Ier
01/03/1904 - Lettre de Flore Singer à Albert Ier
Transcription
Paris Ier mars 1904
55, avenue Kléber
Monseigneur,
Je prends la liberté de vous envoyer un exemplaire du Gil Blas – où le bruit de la mort de Faure, le Président de la République est conté par Joseph Reinach.
J’ai été heureuse qu’il y fut parlé en termes si mérités de la noble démarche de votre Altesse !
Mais ceci, Monseigneur, ne m’est peut-être qu’un prétexte pour vous remercier encore du bonheur que vous avez fait à mes enfants !
Le soin personnel que vous aviez bien voulu prendre d’eux comme s’ils étaient de petits personnages ; le splendide hôpital où vous les avez conduits vous-même ; la fête d’art pendant laquelle, toute une salle debout applaudissait St Saens ; enfin et surtout les trésors de votre intelligence que, pendant les soins plus intimes, vous ne dédaigniez pas d’ouvrir devant eux : mes enfants ne tarissent plus !
Et ce ne sont pas les ciels bleus et les panoramas rutilants de là-bas qu’ils me racontent – mais votre personne morale, si rare et si exquise, et qui les a bien frappés !
Ne m’aviez-vous pas parlé, Monseigneur, d’une fugue à Paris dans le courant de Mars ?
Ce projet serait-il abandonné ? Mais je m’aperçois que je pose un point d’interrogation quand au contraire, je ne veux pas que Votre Altesse m’écrive !
Assez d’occupations vous absorbent ! Et je veux vous prouver que je sais vous faire un sacrifice..
Il est grand, croyez le bien ! le sacrifice d’une de vos lettres..
Je vous salue Monseigneur, avec le plus tendre respect.
Flore