Lettre d'Albert Ier à Gustave Eiffel - 26 septembre 1890
Lettre d'Albert Ier à Gustave Eiffel - 26 septembre 1890
Transcription
Minute du courrier du prince Albert Ier à Gustave Eiffel
Paris 26 septembre 1890
Mon cher Monsieur Eiffel
Je viens d’avoir en arrivant à Paris où je suis du reste que pour un jour, votre lettre si intéressante. Le projet dont elle parle mérite un très sérieux examen, et peut devenir un nouveau succès pour vous. Quant aux objections que vous prévoyez, je ne voudrais pas donner sur elles une appréciation définitive sans les avoirs examinées de très près ; mais voici ce qu’elles me suggèrent à première vue.
1 l’action des vagues très peu étudiées jusqu’ici, se fait probablement sentir plus bas que 10 mètres quand une profondeur faible détermine le choc en retour. Ceci est démontré par la hauteur plus grande des vagues lorsqu’elles passent par-dessus d’un banc ou lorsqu’elles gagnent des atterrissages sur lesquels la profondeur se réduit subitement à une centaine de mètres. Il n’y aurait d’ailleurs qu’une action minima produite du ce fait à 50 m et je la signale plutôt au point de vue de l’exactitude.
2° la vitesse du courant est certainement moindre sur le fond qu’à la surface, mais la différence peut devenir faible sur un point donné et à certaines époques des grandes marées, principalement lorsque celles-ci coïncidant avec une tempête, elles entraînent dans le détroit un volume d’eau considérable.
Je serais très heureux d’examiner les points de votre projet dépendant de la branche hydrographique que je connais un peu, trop peu ; et j’ajouterai que, si à partir du printemps prochain votre projet ayant pris un corps, il devenait nécessaire de faire sur place des études spéciales préliminaires, je leur consacrerais volontiers le bâtiment (Princesse Alice) que le fais construire, qui sera lancé au mois de Décembre et installé spécialement pour des travaux de ce genre.
Recevez, mon cher Monsieur Eiffel, l’expression de mes meilleurs sentiments.
Albert Prince de Monaco Prince régnant de Monaco
Je serai à dater de ce soir, chez moi au Château de Marchais, par Liesse, Aisne.
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