Lettre du prince Albert à son père, le prince Charles III, 11 novembre 1870

Lettre du prince Albert à son père, le prince Charles III, 11 novembre 1870

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Transcription

Monaco le 11 nov 1870

Mon cher papa

Depuis ma dernière lettre rien de particulier n’est venu troubler le calme de ce pays, où l’écho seul des désordres des voisins arrive.

L’article publié dans Le Réveil de Nice a donné lieu à une entrevue entre le Colonel Viegnis et les rédacteurs de ce journal, qui ont agi vis-à-vis de lui d’une façon qui m’a étonné ; Perreai lui-même s’est montré excessivement humble et facile, je ne sais si c’est la preuve qui l’a changé ainsi ; je crois que ces attaques sont tout à fait finies maintenant.

J’ai vu monsieur Bensa de Nice auquel j’ai demandé quelques conseils relativement à cette affaire et à d’autres, et j’ai eu hier de reconnaitre sans avoir en à les utiliser qu’ils étaient plein de sagesse. A propos de Doineau il m’a donné une idée qui ne serait peut-être pas mauvaise pour se débarrasser de lui : ce serait de lui procurer sans qu’il sache d’où cela viendrait, une place dans l’armée soit turque soit tunisienne, une place où il pourrait  se faire une douzaine de mille francs. En effet la vie orientale conviendrait à ses goûts, et un homme comme lui, imposant par sa stature, son énergie et son intelligence pourrait être appréciées par des Orientaux qui ne sont pas très scrupuleux en matière de moralité.

La conduite déplorable de Bazaine est partout en France le sujet d’une indignation bien juste, en effet de quelque côté qu’on retourne la question on voit toujours une armée de 173.000 hommes abondamment fournie de munitions, qui se rendent sans coup férir, lorsqu’en faisant une trouée ils pouvaient en rendre la moitié ou le quart à la France qui en a tant besoin.

Je voudrais bien que vous trouviez des informations sur le sort de Merquelen, qu’on pourrait probablement faire revenir, s’il est prisonnier en Prusse, et que je voudrais prendre de suite à mon service.

Des parents de Vincent ont écrit ici pour tâcher de savoir ce qu’il est devenu.

Je vais un de ces jours faire tirer au blanc quelques coups avec les petites pièces que nous avons, pour se rendre compte de leur portée, et savoir ce qu’au besoin elles peuvent faire, le blanc sera placé en mer.

Quand aux chassepots, arme avec laquelle les nouveaux gardes ne sont pas familiers on ne peut guère faire de tir, le nombre de cartouches étant assez restreint ; j’ai dit au colonel de voir s’il y aurait moyen d’en faire ici à la main.

Author Albert I of Monaco
Recipient Charles III (Prince de Monaco)
Language Français
Document Nature Document écrit manuscrit
Creation date 11/11/1870
Related places Monaco
Approval committee Comité Albert Ier
Collection Archives et Bibliothèque du Palais princier de Monaco
Source reference APM - C 525
Publication date 07/10/2024

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