L'image de la principauté - le miroir du jeu
Description
Dans cet article du 23 juillet 1922, L'Humanité, journal communiste, fondé par Jean Jaurès, prend la défense de Monaco et du prince Albert Ier. Il s'agit, en défendant Raoul Gunsbourg, de s'opposer à l'antisémitisme et à la haine de L'Action française et de son polémiste de rédacteur Léon Daudet (1867-1942). Monaco concentre toutes les attaques de ce dernier et justifie son rejet : domaine du jeu, monde cosmopolite et souverain pacifiste et antidreyfusard.
Il s'agit d'un article du jeune journaliste Bernard Lecache, communiste, devenu français en 1905 d'une famille juive ukrainienne, membre de la Ligue des droits de l'homme, fondateur de la LICA quelques années plus tard en 1928 - La LICA devient la LICRA en 1979.
Méryl Sill dans plusieurs articles a très bien analysé les ressorts de cette campagne haineuse. Notamment dans cet article des Annales monégasques de 2013.
" Grâce au « désir de rivage » et à l’engouement de la haute société européenne pour les sites balnéaires de la Riviera, la principauté de Monaco devient rapidement, sous l’impulsion de ses princes et de la Société anonyme des bains de mer et du Cercle des étrangers de Monaco, créés en 1863, un haut lieu incontesté de villégiature aristocratique, de rencontres mondaines et de divertissement. Ce « miracle monégasque » fait quelque bruit en Europe et vaut à la principauté des ennemis acharnés. Dès l’ouverture du casino et de l’établissement thermal de Monte-Carlo, en effet, les critiques fusent à l’égard de la principauté de Monaco, de la famille Blanc et de la Société des bains de mer. De nombreux folliculaires, des petits journaux sans abonnés – derrière lesquels se retranche une théorie hétéroclite de pamphlétaires, allant de l’extrême gauche à l’extrême droite, des anarchistes aux nationalistes, des « déçus des jeux » aux maîtres-chanteurs – orchestrent des campagnes contre Albert Ier, Monaco et la Société des bains de mer. Tous différents, et en même temps semblables dans leur style d’écriture, volontiers virulents, ils sont toujours partisans, excessifs, voire déplacés. C’est dans ce sillage, non pas politique, mais thématique, que s’inscrit, pendant la Grande Guerre, la campagne journalistique de Léon Daudet dans L’Action française . Ce dernier s’était pourtant rendu, en 1896 , au casino pour y jouer. Fils aîné d’Alphonse Daudet, écrivain, essayiste, mémorialiste, critique littéraire et artistique, journaliste et rédacteur en chef du journal nationaliste, L’Action française depuis 1908, Léon Daudet, né le 16 novembre 1867 et mort le 30 juin 1942, mène le combat depuis 1911 contre « l’espionnage juif allemand en France7 » et ses réputés complices de l’intérieur. Léon Daudet s’exprime, à cet effet, par la plume, mais aussi de vive voix, en déposant lors de nombreux procès d’espionnage. Un précédent entre le milieu nationaliste français et le prince de Monaco, sa haine pathologique pour le cosmopolitisme, à tendance germanophile, de Monte-Carlo, son antisémitisme, son aversion pour les maisons de jeux, et ses craintes quant à une possible incursion allemande en France depuis la principauté suffisent pour le conduire à mener campagne contre le prince Albert Ier de Monaco et à réclamer, de surcroît, la « fermeture de ce centre de putréfaction boche et austro-boche ».