Lancement des commémorations du centenaire de la disparition du Prince Albert Ier de Monaco
Publié le 20 octobre 2020 à 16h10 - Mis à jour le 7 février 2022 à 17h59
La manifestation de lancement des commémorations du 19 octobre 2020 a constitué un troisième temps important avec la présentation au public du programme des célébrations à venir.
Après l’installation du Comité au Musée océanographique en janvier 2019 et le dévoilement du logo du centenaire en juillet 2019 au Yacht-Club de Monaco, le Comité Albert Ier-2022, poursuit ses travaux dans un autre lieu de mémoire emblématique en Principauté, le lycée Albert Ier.
La soirée qui se déroulait au lycée Albert Ier, en présence de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco, a débuté par la découverte de la bande-annonce du centenaire, réalisée par l’Institut audiovisuel pour le Comité.
Puis, S.E. M. Robert Fillon, président des comités de commémoration du prince Albert Ier, a dévoilé les temps forts, d’ores et déjà prévus, des commémorations du prince Albert Ier, qui rythmeront les deux années à venir de la fin 2020 à la fin 2022.
Ont été aussi présentés le site internet du Comité www.princealbert1.mc, progressivement enrichi afin de devenir un véritable portail documentaire, ainsi que les réseaux sociaux, notamment la page Facebook, que vous connaissez bien.
Dans un deuxième temps, la soirée s’est poursuivie par un hommage à l’écrivain et philosophe Armand Lunel (1892-1977), au sein même de l’établissement dans lequel il a enseigné de 1920 à 1953.
Ancien élève de l’Ecole normale supérieure, agrégé de philosophie, nommé professeur de philosophie au Lycée de Monaco par le prince Albert Ier il y a exactement cent ans, Armand Lunel obtient le premier prix Renaudot en 1926, pour son roman Nicolo-Peccavi ou l’Affaire Dreyfus à Carpentras. Il est une figure symbolique du sort de la communauté juive monégasque pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pour sa personnalité et son œuvre, l’Education nationale monégasque a souhaité lui rendre hommage cette année en baptisant de son nom la salle polyvalente du Lycée Albert Ier. S.A.S. le Prince Souverain a dévoilé une plaque commémorative en sa mémoire, en présence des représentants de sa famille, MM. Daniel et David Jessula et de M. Jean-Yves Giraudon, président du PEN-Club, association fondée en 1968 par Armand Lunel. M. Stéphane Lamotte, professeur agrégé au Lycée Albert Ier et docteur en histoire, secrétaire des comités de commémoration, auteur d’une étude sur Lunel et Monaco parue dans les Annales monégasques en 2017, a évoqué son parcours en Principauté.
Enfin, une conférence historique a permis, par son sujet, l’Affaire Dreyfus, de faire le lien entre les différentes séquences de la soirée, et a donné un relief historique et savant à la manifestation.
La conférence a été donnée par M. Vincent Duclert, historien et universitaire (chercheur à l’EHESS, professeur associé à Sciences-Po), spécialiste de l’affaire Dreyfus, à laquelle il a consacré sa thèse de doctorat, portant sur l’engagement des savants. Auteur de nombreux ouvrages de référence, il a notamment publié en 2006 une biographie du capitaine Dreyfus, Alfred Dreyfus. L’honneur d’un patriote (Fayard).
M. Duclert a expliqué, dans un exposé brillant et dynamique le cheminement de la pensée du prince – sa conviction de l’innocence face à la raison d’Etat et les voies de son engagement. Il a également montré l’importance des solidarités dreyfusardes et la part des femmes dans la résolution de l’Affaire. La démonstration était servie par des archives inédites et a été fort appréciée du public.
Rappelons pour mémoire la chronologie de l’engagement Dreyfusard du prince Albert Ier :
Dès 1897, dans sa correspondance avec son amie Flore Singer, salonnière parisienne, le prince Albert Ier affiche dès le début de l’Affaire des sympathies dreyfusardes ; dans un entretien, il essaie, sans succès, de convaincre le président Félix Faure de l’innocence de Dreyfus. En février 1898, il réagit au « J’accuse » de Zola en écrivant à ce dernier : « Votre déclaration contient les plus beaux sentiments qu’une âme puisse exprimer, elle honore l’humanité, elle ajoute un rayon à la gloire de la France. Pour tous ceux qui admirent l’indépendance et la sincérité dans le patriotisme, vous grandissez plus haut que le renom de votre talent ». Le 3 juillet 1899, le prince fait publier dans Le Figaro une lettre, datée de Kiel, le 27 juin, adressée à madame Lucie Dreyfus, et il écrit au capitaine. Cette prise de position publique suscite des réactions passionnées dans les deux camps. Cet engagement témoigne de l’humanisme du prince Albert Ier qui considère que rendre justice à Dreyfus ne peut que contribuer à améliorer les relations franco-allemandes.
En résumé, une belle soirée qui a bien lancé les commémorations qui sont désormais ouvertes !