Lettre du prince Albert Ier à Charles III, 16 août 1858
Lettre du prince Albert Ier à Charles III, 16 août 1858
Transcription
Mon cher papa,
Il y a longtemps que je ne vous ai écrit, et aujourd'hui je vous écris. Je vous remercie beaucoup de l'arc que vous m'avez envoyé. L'autre jour monsieur l'abbé a failli tuer un pinçon avec une flèche. La petite pouliche se porte très bien et elle mange déjà de l'avoine et de l'herbe comme sa mère et il est très bien dans son petit parc. A l'endroit où le feu a pris rien n'a repoussé tout est mort. Le bulletin de cette semaine n'a pas été bon car j'ai perdu quatre francs, et j'ai fait quelques petites bêtises, pour ça monsieur l'abbé m'a enfermé au grenier, mais maintenant je suis plus sage. J'attends avec impatience l'arrivée de Colibri, et j'espère que vous me l'enverrez bientôt. Maman se porte très bien, et elle fait d e grandes promenades dans le parc; quant à Fanne elle se porte aussi très bien, et elle court après les lapins et les lièvres, et elle fait lever des perdreaux et des faisans. Je fais encore de l'allemand. J'étudie le piano avec la demoiselle allemande que maman a amenée ici. Hier matin Monsieur l'abbé a officié à la grand messe, et aux vêpres, et il a prêché. Moi j'ai offert le pain bénit. Adieu mon cher papa, je vous embrasse de tout mon coeur.
Votre fils bien aimé,
Albert.
Description
Cette lettre témoigne d'un gout prononcé pour les escapades dans la nature, à Marchais, où il étudie avant de se rentre à Auteuil et à Orléans, et de sa relation avec son précepteur, l'abbé Charles Theuret (1822-1901), recruté en 1857 par le prince Charles III pour assurer l'éducation de son fils.